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Exploitation des apprentis, une digne représentation du capitalisme.

Ce n’est un secret pour personne, l’apprentissage est sous-considéré, que ce soit d’un point de vue scolaire ou professionnel, souffrant d’un statut bâtard dépendant à la fois du ministère de l’Éducation Nationale et du ministère du Travail.

Les apprenti•e•s sont ainsi les vilains petits canards de l’Education Nationale, étant encore plus délaissé•e•s que les élèves de filières générales, d’abord sur le plan des enseignant•e•s. Il s’agit ultra majoritairement de contractuel•le•s insuffisamment formé•e•s pour devenir de véritables intervenant·te·s et occuper l’équivalent d’un poste de professeur pour enseigner les matières professionnelles. Les étudiant•e•s souffrent de leur côté d’un manque de matériel, de classes et de locaux, alors même que les apprenti•e•s sont souvent des élèves en difficulté scolaire, ayant été orienté•e•s en filière professionnelle uniquement en raison de difficultés d’apprentissages. Comme si la voie professionnelle était une voie de garage.

Les conditions d’apprentissage ne sont pas au niveau. En entreprise, bien souvent, les jeunes ne sont pas réellement formés et accompagnés. On leur demande simplement de travailler comme n’importe quel•le salarié•e. Et pire, bien souvent les employeurs ne respectent pas les règles en matière d’heures supplémentaires. J’ai moi-même vécu cette situation dans deux entreprises durant quatre ans ; j’effectuais notamment des heures supplémentaires régulièrement alors que pourtant, j’étais mineur. Preuve s’il en faut que le droit du travail n’est absolument pas respecté par de nombreuses sociétés. 

Dans le même temps, les heures de cours ont été constamment réduites par la réforme du lycée professionnel de 2019 et celles qui ont suivies : volume horaire de la LV2 divisé par 2 voire supprimée, diminué de 11 % pour les lettres et l’histoire-géographie, de 16 % en maths-sciences… Le non-fléchage de la Prévention Santé Environnement (PSE) comme de l’économie-droit ont eu des répercussions importantes sur les élèves, à qui ne nombreuses notions importantes pour leur vie active et leurs futurs emplois ne leurs sont plus enseignées. Ce non-fléchage a aussi des répercussions négatives pour l’apprentissage des droits des apprenti.e.s en tant que travailleurs et travailleuses, qui est justement au programme des cours de PSE.

La rénovation du bac pro Gestion Administrative, aujourd’hui réformé en Assistance à la gestion des entreprises et de leurs activités, continue de subir une sorte de plan social drastique du point de vue des effectifs de professeurs, à tel point qu’aujourd’hui la majorité des enseignant•e•s sont des contractuel•le•s et non plus des titulaires. Cela, couplé à une suppression de postes, crée un appauvrissement des enseignements disciplinaires, notamment en matières générales. Et la situation est bien pire pour les filières en CAP.

Ces réductions de temps scolaire ont pour effet pervers de créer un sous-bac qui n’a plus réellement valeur de bac, créant ainsi un sous-diplôme, creusant encore plus le fossé entre le bac pro et les poursuites d’études. Une situation qui s’est empirée avec la dernière réforme de l’apprentissage.

Les conditions de travail pour les apprenti•e•s ne sont déjà pas simples, mais en plus la grille de rémunération est ridicule : 486 € pour un•e apprenti•e de moins de 18 ans en première année et 775 € pour les plus de 18 ans. Au maximum, pour un•e jeune entre 20 et 25 ans en troisième année, le salaire est de 1400 €, soit 78 % du smic.  

Dans ces conditions, comment s’émanciper et se lancer dans la vie active ?

Cette précarité devrait pousser le gouvernement à investir et à augmenter financièrement les apprenti•e•s au niveau du smic. Mais non, il s’attaque encore aux personnes précaires et supprime l’exonération d’impôts des apprenti•e•s, baissant drastiquement le revenu net des apprentis. Cela représente jusqu’à 200 euros en moins par mois. Mais ce n’est pas tout, l’État met toujours plus en concurrence les CFA et UFA entre public et privé. Le privé pouvant miser sur sa force de frappe financière pour attirer des jeunes et leur proposer un contrat d’apprentissage et ensuite se servir de ces jeunes pour produire du travail et de la richesse, mais sans assurer la formation. C’est le cas de Leclerc, premier CFA privé de France, dont plusieurs enquêtes ont prouvé les manquements importants à la formation scolaire.

Ce sont 1 015 400 jeunes qui sont concerné•e•s par cette immense injustice organisée par l’État pour enrichir le patronat.

En plus de cette situation compliquée du côté des apprentis, la situation plus générale de la jeunesse face au travail ne se limite pas à la question de l’apprentissage. En 2023, 18,8 % des actifs de 15-24 ans étaient en situation de chômage, n’étant ni en étude ni en formation. Pourtant, ces jeunes cherchent généralement un emploi, mais s’en retrouvent privés. Pour ceux et celles qui sont salariés, 7.6% sont en sous-emploi, c’est-à -dire qu’ils et elles voudraient travailler davantage et avoir un emploi plus stable. Chez les 15-29 ans, ce sont 51% qui déclarent ne pas être satisfait de leur travail pour des raisons de conditions de travail, horaires, temps de travail…

Cela reflète une situation désastreuse en matière d’accès à l’emploi, mais surtout le rejet des jeunes face au travail capitaliste, qui n’offre pas de bonne rémunération, ne protège pas, qui crée des divisions et n’offre aucun avenir… Ce qui ne permet pas de mener une vie digne. Au lieu de cela, le travail devrait être digne, émancipateur et un espace de socialisation. La production doit être détachée des considérations capitalistes et servir à la société. Créons un million d’emplois pour les jeunes qui sont sans travail et sans possibilité de formation. Mais pas un travail pour les patrons. Nous voulons un travail qui soit utile, digne, bien rémunéré et qui ait du sens. 

Le travail que nous désirons est révolutionnaire.

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